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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 05:59

Je sors de ma retraite pour faire le "sage" et vous proposer ce qui suit.

Il advint, dans les temps anciens, le déluge....

Le texte qui suit est très largement inspiré d’un article de Jean-Loïc Le Quellec  in «Le Monde des religions»

L’histoire de la tour de Babel et le mythe de Jonas ont été privilégiés en Amérique du Nord, tandis que le Déluge fut préféré au sud. On ne peut imputer tous les mythes diluviaux  ( = à propos du déluge) à l’influence des ....missionnaires.

Vraie catastrophe ou activité de l’inconscient ? 

Le philologue allemand Adalbert Kuhn (1812-1881) pensait, que toute la mythologie serait à comprendre par la crainte des forces de la nature, et le mythe du Déluge résulterait donc de la « mythisation » d’une inondation réelle.

Le géographe Richard Andree (1835-1912), en 1891, estimait également que tous les récits de déluges recueillis dans le monde étaient indépendants les uns des autres, mais que chacun d’eux conservait le souvenir d’une ancienne catastrophe locale. Des motivations plus générales ont donc été recherchées, notamment du côté des lectures symboliques. En 1903, le linguiste allemand Ernst Böklen a imaginé que l’arche de Noé figurait la Lune, dont les trois phases seraient représentées par les trois étages de l’embarcation légendaire, tandis que la poix utilisée pour la calfater constituerait une évocation de l’éclipse lunaire....Beaucoup d’imagination dirait-on aujourd’hui.

Mircea Eliade (1907-1986) considérait que derrière le Déluge se cacherait un « système mythico-rituel de la fête du Nouvel An », et plus généralement une « régression au chaos » (sic). Les psychanalystes ne sont pas demeurés en reste et rivalisent toujours d’imagination.

Otto Rank (1884-1939) pensait,que le Déluge contait de façon imagée la fertilisation de la terre par un ciel mâle, et que la création d’une nouvelle humanité après cet épisode autorisait à y reconnaître la perte des eaux à l’accouchement.

Les interprétations symboliques  se contredisent souvent et demeurent irréconciliables : l’arche de Noé symbolisait le Soleil pour Hermann Usener (1834-1905), alors que c’était la Lune pour Ernst Böklen !

Les pièges de l’ethnocentrisme 

Beaucoup considèrent comme une évidence la notion même de « déluge », sans prendre la peine de définir ce terme.

Le mot déluge désigne une pluie si abondante qu’elle finit par noyer le monde ; d’où notre expression « pluie diluvienne ».

Il s’agit principalement d’un récit de « double création » : les premiers humains se révèlent vite insupportables, trop ambitieux ou trop bruyants, ils sont imparfaits, ils se prennent pour des dieux, ou encore ils violent un tabou ou commettent des fautes irréparables.

Il faut les détruire...en procédant à une nouvelle création, meilleure que la précédente.

Cette destruction est obtenue par le déclenchement d’un cataclysme universel qui, bien sûr, peut être une « pluie diluvienne », mais il peut également s’agir d’un déluge de feu, qu’on appelle ekpyrosis (« embrasement », en grec ancien).

Quant à l’inondation générale, elle peut résulter de divers processus, dont la pluie n’est qu’un exemple : selon les mythes, ce peut être un raz de marée, de l’eau sortant d’une plante coupée ou arrachée, un récipient brisé ou renversé et d’où sort un flot destructeur, les larmes inextinguibles d’un être mythique, le souffle d’une baleine… ou bien encore quelqu’un soulève une pierre qui faisait office de bonde, ou le monde se retourne soudainement, ce qui fait que l’eau des océans se répand partout.

Il apparaît que le type impliquant une pluie n’est pas un modèle général, et encore moins le modèle d’où proviendraient tous les récits diluviens (cf aussi différents récits africains).

Le détail selon lequel l’arche serait toujours visible en haut d’une montagne fait partie d’un ensemble bien plus vaste de narrations qui procèdent par différents « effets de vérité ». Les Pawnees des Grandes Plaines nord-américaines montrent les ossements des victimes de la catastrophe ; au Mexique, ce sont les empreintes des survivants qui sont marquées dans des pierres amollies par les eaux ; en Chine, des peintures rupestres sont supposées nous léguer les connaissances des humains antérieures au Déluge en témoignant de son historicité ; enfin, en Indonésie, les Muyu montrent aux passants les restes du grand barrage dressé en vain pour tenter d’arrêter les eaux.

....Une façon extrêmement répandue d’ancrer un récit dans un détail du paysage, ce dernier étant pris comme « témoin » du mythe, alors même que le récit légendaire lui donne une signification.

 

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commentaires

L
Déluge ou non tel que nous le lisons dans les textes bibliques... Je ne suis pas sûr d'y croire.<br /> Mais inondations spectaculaires, il y en a eu, pas le moindre doute.<br /> Et d'autres encore sont à venir.<br /> Catastrophes sans doute mais aussi régénérérescence.
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